Nous prendrons ici le terme environnement au sens de ce qui entoure l'Homme à titre individuel et collectif (l'espèce humaine). Le Conseil international de la langue française a défini, en 1970, l’environnement comme « l’ensemble des agents physiques, chimiques et biologiques et des facteurs sociaux susceptibles d’avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme sur les êtres vivants et les activités humaines ».

Si on pense en termes d'environnement, on s'aperçoit que ce qui entoure les humains n'est pas d'abord sauvage, mais artificiel depuis longtemps : de la grotte aménagée, à l'enclos du village, jusqu'aux gigantesques complexes urbains contemporains.  Il est technique : de la pierre taillée, à la maitrise du feu, jusqu'aux réseaux électriques et de transports en communs d'aujourd'hui. L’individu humain vit d'abord et surtout dans un environnement culturel et social. Cet environnement social est fait d'interactions, de dépendances, des hiérarchies qui préexistent à l'individu, qui lui-même y contribue par ses actes. L'humain a une vie sociale qui constitue son environnement le plus prégnant.

L'environnement dit « naturel » est constitué par le milieu terrestre (ou plus précisément par les divers écosystèmes en interaction sur Terre) légués par l'évolution sur Terre. À côté de la biosphère, on distingue la lithosphère (sols et roches), hydrosphère (eaux), atmosphère (air). Ce milieu terrestre, tel qu'il est au terme d'une longue évolution parfois chaotique, permet aux humains de vivre. Au plus simple, les humains ont besoin d’air dans leur environnement, car une interaction évidente a lieu : la respiration. Elle aboutit à une absorption de l’oxygène et un rejet de gaz carbonique. Pour vivre, les humains dépendent des équilibres permettant la formation continue d'oxygène sur Terre, ainsi que le maintient d'une température supportable, et de la permanence du cycle de l'eau, etc.

Urbain Cassan, considère que « l’environnement est caractérisé par un ensemble de faits d’origine naturelle et d’origine humaine ». Ces faits ne peuvent être étudiés isolément parce qu’il y a entre eux une étroite connexité ; les agissements humains sont influencés par les faits naturels, et en retour, l’homme agit sur les faits naturels.  « On peut dire, sous une forme rassemblée, que l’intervention de l’homme sur l’environnement se répercute sur lui-même » (Cassan, 1946).

L'espèce humaine est incluse et participe à son environnement terrestre, mais ce n'est pas une espèce animale spontanément adaptée à l'écosystème existant. C'est même exactement l'inverse : elle adapte son milieu à ses besoins. L'Homme seul ou en petit groupe survit difficilement dans l'espace naturel. Il a donc, à partir du Néolithique, entrepris de le transformer. Il a créé un néoenvironnement.

Les transformations se sont intensifiées avec le développement massif de l'industrie, qui s'est produit au XIXe siècle et s'est amplifié depuis. Ce gigantisme est lié à des intérêts économiques et à la volonté de puissance des États en rivalités, ainsi à l'expansion démographique puisque la population humaine dépasse les 8 milliards d'individus en 2024. Le néoenvironnement humain et l'environnement terrestre non humain sont en interaction. Le premier modifie le second de telle sorte qu'il y produit des déséquilibres.