Dans La Divine Comédie de Dante Alighieri, et, plus précisément, dans le premier cantique de son œuvre ( Inferno ), on trouve la phrase :

« Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate »
(Chant III, verset 9)

Cette inscription placée au-dessus de la porte de l'Enfer, avertit les âmes qu'elles doivent abandonner tout espoir de rédemption. Ce caractère définitif de la damnation et l'irrévocabilité du jugement divin correspond à la vision chrétienne médiévale de Dante. On la traduit parfois sobrement par « Vous qui entrez, abandonnez toute espérance », mais je préfère :

« Que ceux qui entrent ici abandonnent tout espoir ! »

Elle prend ainsi un côté emphatique marquant. Plutôt qu'à la damnation dans une hypothétique autre vie, on peut appliquer cette maxime à la vie humaine, puisqu'elle se termine inexorablement par la vieillesse et la mort.

Plus tard, Arthur Schopenhauer défendra l'idée d'un monde qui serait la manifestation d'une Volonté irrationnelle, aveugle et insatiable, qui engendre souffrance, frustration et ennui.

« La vie oscille, comme un pendule, de la souffrance à l'ennui. »
(Le monde comme volonté et comme représentation, 1818/1844, Livre IV, § 57).

Un autre type de pessimisme peut venir de l’évolution dystopique de nos sociétés. Le terme dystopie combine le préfixe dys (δυς) qui marque l'idée de mal ou de malheur, et le nom tópos (τόπος) « lieu, endroit, pays ». D'un point de vue étymologique, dystopie signifie donc « mauvais lieu », « lieu nuisible ». À la fin du XIXe siècle et jusqu'à nos jours le terme dystopie a pris le sens d'un avenir péjoratif. L'exemple le plus connu est le livre « 1984 » du britannique George Orwell (1949)>

« Métropolis » (1927) de Fritz Lang montre une mégalopole technologique hyper-hiérarchisée et injuste. Le film se termine par un arrangement peu crédible. Les deux versions de « Blade Runner » illustrent une Terre dévastée où l'humanité survit dans des techno-mégalopoles. « Soleil vert » (1973), réalisé par Richard Fleischer, adapté du roman Make Room ! Make Room ! (1966) de Harry Harrison, décrit une Terre ravagée par une catastrophe écologique associée à une pollution, une émission, une disparition des ressources naturelles. Un gouvernement technocratique fait survivre la population par une alimentation artificielle dont la production est cachée. Le livre, dont le titre est traduisible par « Faites de la place ! », insiste sur le manque de place, la surdensité de la population par rapport aux possibilités.

Nous y sommes presque, avec nos villes géantes, le réchauffement climatique en cours, la pollution galopante, la violence religieuse, les dictatures et les guerres de plus en plus nombreuses.

« Humains, encore un effort, la dystopie est proche ! »

Métropolis 1927

Horst von Harbou, photographie de décor de Metropolis (Fritz Lang, 1927)

 

Le pessimisme fait sentir les catastrophes possibles. Mais, les avertissements incitent-ils à avoir une vie différente ? Incitent-ils à une mener une politique plus responsable, plus attentive aux conséquences ? Manifestation non.