Un documentaire sur la vie de Simon Leys (né Pierre Ryckmans) montre le prix que cet homme a payé pour n'avoir pas cédé à l'idéologie maoïste à la mode. Il a, en effet, dénoncé les crimes maoïstes, qui ont provoqué la mort de 60 à 100 millions de personnes, à un moment, où il était de bon ton d'idéaliser Mao. Son ouvrage « Les Habits Neufs du Président Mao » publié dès 1971, une référence sur ce sujet, a été ignoré, vilipendé et son auteur calomnié.

Simon Leys

Le documentaire de Public Sénat montre le décalage abyssal entre ce que Leys voit en Chine et l'idéologie parisienne pseudo-révolutionnaire. D'un côté Simon Leys décrit un Mao machiavelique, cynique, ivre de pouvoir, qui plonge le pays dans un chaos sanglant. D'un autre côté, en Occident, de jeunes gauchistes et quelques intellectuels brillants, aveuglés par une idéalisation absurde, rêvent d'un Orient rouge parfait, d'une révolution pure. L'engouement maoiste est la parfaite illustration des modes idéologiques qui entrainent irrésistiblement une partie des jeunes, et en particulier les jeunes intellectuels, nourris d'informations mensongères et d'idéaux illusoires. Cette profonde incompréhension est illustrée par une archive de Philippe Sollers récitant avec délectation un petit poème de Mao, le louant comme l'un des éminents penseurs du XXe siècle. Pourtant, l'auteur « Des Habits Neufs du président Mao » montre, preuve à l'appui, que le maoïsme n'a rien à envier au fascisme.

Ni la France, ni la Belgique, n'ont reconnu ses travaux. En 1970, il s'exile en Australie, pays qui lui offre un poste de professeur. Il mène alors une vie qui lui convient, loin des modes et des jalousies universitaires. Bien tardivement, en 1983, grâce à Bernard Pivot qui l'invite dans son émission télévisée Leys a pu faire entendre sa voix en France et le réhabiliter.

Cet homme a donné l'exemple d'une vie marquée par l'authenticité et la probité intellectuelle. Il a poursuivi un mode de vie que nous qualifierons de philosophique, car au service de la vérité contre les modes et les idéologies. Il l'a fait avec simplicité, sans ascétisme, ni ostentation. Un « decent man » selon la formule d'Orwell que Leys aimait tant. Sa probité, son sens de la nuance et de la mesure, sont plus que jamais un modèle.

Simon Leys en Australie

Le film réalisé par Fabrice Gardel et Mathieu Weschler Sénat est intitulé « Simon Leys, l'homme qui a déshabillé Mao » est disponible jusqu'au 06/09/2026. Il exhume les rares entretiens et films mettant en scène Simon Leys. On y voit notamment le mythique passage à Apostrophes de 1983 qui a révélé cet écrivain et penseur belge exceptionnel.

 

Documentaire de Fabrice Gardel et Mathieu Weschler disponible jusqu'au 06/09/2026 :
https://www.publicsenat.fr/emission/documentaire/leys-lhomme-qui-a-deshabille-mao-e0