Philosophie, Science et Société
La revue propose des textes clairs, lisibles par les non-spécialistes. Elle défend une approche rationnelle et argumentée, dans les domaines philosophiques, scientifiques et sociétaux. Elle est centrée sur les enjeux contemporains.
En accueil, focus sur :
Reconstruire à partir de Georges Canguilhem
Jean-François Braunstein
Mardi 9 décembre 2025, 18h-19h15
en ligne, accessible à tous :
https://cnrs.zoom.us/j/92409910765?pwd=PdOpKKvqzFjo6VasfQx2fbVcJFjLAa.1
ID : 924 0991 0765 Code : axd9Uf
Georges Canguilhem (1904-1995) a d’abord été connu comme un philosophe de la médecine, auteur du classique Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique (1943) et ensuite comme un historien des sciences, qui a dirigé l’Institut d’histoire des sciences et a formé bon nombre des philosophes français des années 70. Il a longtemps été seulement considéré, surtout à l’étranger, comme l’élève de Bachelard et le maître de Foucault. Depuis la mise à disposition de ses archives au Caphés, à l’ENS, et la publication de ses Œuvres complètes (6 volumes, Vrin, 2011-2025), on a une vision nouvelle de l’ampleur de l’œuvre de Canguilhem.
Ses sujets d’études, comme la question des normes et du normal ou sa nouvelle vision de l’histoire des sciences et de l’épistémologie historique, mais aussi sa proximité avec Foucault, expliquent que certains puissent aujourd’hui tenter de récupérer son œuvre au profit des études queer ou de l’épistémologie du point de vue. Cela ne peut se faire qu’en présentant une version totalement déformée de la philosophie de Canguilhem mais aussi de ses engagements, notamment dans la Résistance.
L'aventure de la biologie
Le livre de Laurent Loison nous montre un foisonnement de recherches au XIXᵉ siècle. Jean-Baptiste de Lamarck, s’attelle à classer les invertébrés, dans les coulisses du tout nouveau Muséum national d’histoire naturelle à Paris. À Berlin, Theodor Schwann, au travers de son microscope des sphères qui se forment puis se transforment : des cellules vivantes. Charles Darwin, grâce à ses observations et à une réflexion rationnelle, suppose que les espèces ont une origine unique. Claude Bernard, a quitté le Collège de France, et poursuit ses expérimentations dans son propre laboratoire. Gregor Mendel, isolé dans un monastère au fin fond de la Moravie comprend les fondements de la génétique en cultivant des dizaines de milliers de pois. Grâce à ces recherches, la biologie est née.
Pour en savoir plus : La naissance de la biologie https://philosciences.com/naissance-biologie
Société, industrie et écologie
L’expansion techno-industrielle des sociétés fabrique un néo-environnement dans lequel vivent les humains. Nos sociétés ont pris une forme historique particulière, celle des États-nations comportant une imbrication politico-techno-industrielle. Cela conduit à un développement industriel immodéré. Est-il envisageable de le rendre moins agressif vis-à-vis de l’environnement terrestre ?
Les individus humains vivent dans deux environnements différents, dans deux milieux : celui que les sociétés ont créé pour eux et celui que l’évolution terrestre a mis en place. Les sociétés contemporaines, organisées en États-nations, ont été transformées par la machine techno-industrielle. Ainsi remodelées, elles se sont coupées de l’environnement terrestre.
Le conflit se situe entre les sociétés industrialisées et l’écosystème terrestre. L'épicentre du problème est l'évolution concurrentielle mortifère des États-nations sans cesse en rivalité et en guerre qui ne peuvent ralentir leur développement industriel sans être vassalisé par un plus puissant. Dans ces circonstances, les considérations écologiques passeront toujours au second plan.
Voir l'article : Société, environnement et écologie
Simon Leys
Un documentaire de Fabrice Gardel et Mathieu Weschler Sénat, sur la vie de Simon Leys (né Pierre Ryckmans), montre le prix que cet homme a payé pour n'avoir pas cédé à l'idéologie maoïste à la mode. Il a, en effet, dénoncé les crimes maoïstes, qui ont provoqué la mort de 60 à 100 millions de personnes, à un moment, où il était de bon ton d'idéaliser Mao. Son ouvrage « Les Habits Neufs du Président Mao » publié dès 1971, une référence sur ce sujet, a été ignoré, vilipendé et son auteur calomnié.
Voir l'article : Simon Leys et l'idéologie
Le hikikomori
Le hikikomori correspond à une attitude de retrait social massif. Tamaki Saitō, psychiatre japonais, est l’un des premiers à avoir théorisé le phénomène dans son ouvrage Hikikomori : Adolescence Without End, et le mot japonais est resté. C'est un isolement prolongé volontaire dans l’espace domestique, touchant surtout les adolescents et les jeunes adultes. L'étude de ce phénomène illustre la multifactorialité des conduites humaines. Se conjuguent ici des aspects rationnels (mère infantilisante), sociaux (société non intégrative), culturels (mode de vie individualiste, possibilité de repli), mais aussi une pathologie psychique souvent négligée.
Voir l'article : Le hikikomori, ou retrait social extrême