Philosopher en montagne

Sixième partie

Le blanc de la neige

 

Pour vivre, certains humains ont besoin d'un idéal qui les transporte hors des mesquineries de la vie sociale, dans un univers enchanté, celui de la neige et de l'altitude. Tout en étant exigeant, cet univers du blanc offre, au fil des paysages, ses multiples émerveillements. C'est pour certains l'un « de ces refuges où l'homme se retire dans la certitude de son bonheur et la vérité de son silence » (Sylvain Tesson, Les piliers de la mer).

Cet environnement permet à l'imagination de se déployer dans une direction précise : celle du merveilleux. La blancheur de la neige qui nimbe tout d'une aura diaphane appelle à une méditation muette et enchantée. 

Pour nous-autres humains, fragiles et éphémères, l'altitude, le blanc et sa lumière, permettent d'oublier un instant l'hier et le demain, ils nous donnent un sentiment d'éternité et d'illimité. La neige offre par sa pureté l'occasion d'une heureuse libération, pour qui sait la saisir.

Le blanc évoque l’absence, le dépouillement, l’inexistant, l’immatériel. C'est, dans notre culture, un symbole de sagesse. La toge blanche est, depuis l'Antiquité romaine, l’habit du penseur, du philosophe. Le paysage revêtu d'un manteau blanc devient l'étendue d'une méditation sans contenu, proche du vide, celle qui nous fait toucher à l'intemporel.