Définition, origine et enjeux philosophiques.
Edmund Husserl le terme phénoménologie prend le sens d’une doctrine philosophique fondée sur une approche particulière de la réalité. Dans les Méditations cartésiennes, il poursuit et radicalise le geste cartésien de mettre entre parenthèses l’existence du monde concret pour entrer dans « l’épochè phénoménologique ». Par cette méthode, la pensée se tourne vers l’essence qui se manifeste dans la conscience grâce à l'intuition eidétique (Idées directrices pour une phénoménologie).
Selon Husserl, la phénoménologie doit devenir une « science eidétique », qui étudierait les essences de manière systématique. Elle est au cœur de la phénoménologie husserlienne. Le terme « eidétique » vient du grec eidos, qui signifie forme ou essence. Dans le contexte de la philosophie husserlienne, l'eidétique désigne l'étude des essences. Ces dernières sont transcendantes et elles diffèrent radicalement des choses, évènements, phénomènes, identifiables dans le temps et l'espace (ce qu'on nomme la réalité empirique). L'approche eidétique permettrait de dépasser les particularités accidentelles des phénomènes pour atteindre leur essence.
L'eidétique cherche les principes fondamentaux qui sous-tendent notre expérience du monde et permettrait de déterminer ce qui est nécessairement impliqué dans l'acte de percevoir quelque chose (au sens ordinaire), indépendamment des objets spécifiques perçus. Elle demande un mouvement intellectuel par lequel on mettrait entre parenthèses (« épochè ») les préjugés et les suppositions, y compris sa propre psychologie, pour se concentrer uniquement sur la manière dont les essences se manifestent à la conscience.
Peut-on explorer les essences qui structurent notre réalité. Elle présuppose qu'il y ait des essences. Mais dans une ontologie réaliste, les essences ne sont autres que des idées de la raison et l'eidétique s'avère être une abstraction spéculative sur des idées. D'autre part, toute science s'intéressant à la réalité associe une théorie rationnelle à une confrontation empirique. Cette dernière ne s'appuie pas sur l'expérience ordinaire même « épochale », mais sur une expérience méthodique objectivante. Une saisie intuitive associée à une réflexion abstraite sur des essences est un procédé théorique qui se coupe de la réalité et ne peut prétendre être une science.
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